Conséquences sociales

12/10/2017

Le réel coût de la fast fashion ne se chiffre pas en milliards de dollars gagnés par les grandes enseignes de mode, mais en pertes humaines.

On commence progressivement à prendre conscience du coût humain engendré par la fast fashion avec la catastrophe du Rhana Plaza. En avril 2013, le tragique effondrement de cet immeuble du secteur textile au Bangladesh avait fait 1 127 morts, et plusieurs milliers de blessés, jetant la lumière sur les conditions de travail déplorables des employés de cette industrie.

Cet immeuble comportait plusieurs usines travaillant en sous-traitance non déclarée pour des marques internationales de fast fashion comme Mango ou Primark. Il est tout de même important de rappeler que l'année qui a suivi ce drame a été la plus rentable de tous les temps pour l'industrie textile. On a que trop vite oublié cette tragédie

Mais le plus désastreux reste que les autorités avaient prévenu les propriétaires qui ont ignorés l'ordre d'évacuation.

S'ils ont pris cet énorme risque de ne pas fermer l'usine, c'est avant tout parce qu'ils sont soumis à une pression énorme des directeurs de grandes marques de fast fashion et que l'industrie textile pèse très lourd dans le PIB du pays.

Ainsi les enseignes textiles profitent des réglementations sociales, conditions de travail et normes de sécurité en partie absentes dans certains pays comme la Chine et le Bangladesh qui sont les deux plus gros exportateurs textiles (4 millions de travailleurs au Bangladesh) pour pouvoir réduire le coût de leur production et vendre leurs produits à bas prix et ainsi augmenter leur profit.

Mais les principales victimes de la fast fashion sont évidemment les derniers acteurs de la chaîne de production textile c'est à dire les travailleurs textiles employés par les usines de confections. En effet, cette pression qu'exercent les enseignes sur ces usines se reporte directement sur les salariés. Les dirigeants d'usine à l'étranger sont obligés de se soumettre à la compétition et aux volontés des multinationales. Ils ne peuvent donc pas se permettre d'améliorer les conditions des travailleurs.

Le rythme imposé est inhumain, les cadences infernales. A cela s'ajoutent les dépassements des heures légales de travail : ces employés doivent travailler 6 jours sur 7, 12 heures par jour dormant parfois à même le sol de l'usine et ils n'ont pas le droit aux jours de congés.

Et malheureusement, certaines usines profitent de la misère du pays pour faire travailler les enfants dès 6 ans bien que cela soit illégal. Au Bangladesh, 50% des enfants âgés de 14 ans travaillent. Les deux tiers des filles travaillent dans les usines textiles. Ces pays ont malheureusement besoin de ces enfants pour se développer.

Les salariés touchent des salaires dérisoires. Afin de pouvoir vendre des vêtements pas chers en France, il faut naturellement un coût de main-d'œuvre faible : p.ex. 2$ par jour (en Chine). Ils sacrifient leur santé pour quelques euros par jours.

Les travailleurs ne reçoivent pas d'informations relatives aux produits chimiques qu'ils manipulent, à leur bon usage et aux risques sanitaires auxquels ils s'exposent. A cela s'ajoute la faible sensibilisation à la sécurité, l'illettrisme et le manque d'accès au matériel de protection. Leurs équipements sont limités et inadéquats dans le cadre de l'utilisation de ces produits toxiques. Beaucoup souffrent de maladies respiratoires, mais, n'étant pas diagnostiqués et n'ayant pas de congés maladies, ils ne quittent leur travail que lorsqu'ils développent de graves pathologies.

Les grandes entreprises stimulent une forte concurrence entre les pays et les producteurs manufacturiers afin d'avoir une main-d'œuvre au prix minimum.

Alors que le coût de la vie et des biens essentiels augmente constamment, l'industrie de la mode offre des prix constamment plus bas pour les consommateurs. Puisque ce ne sont pas les consommateurs qui payent pour l'inflation sur les matières premières, ce sont les producteurs et les ouvriers, déjà assez pauvres, qui en subissent les conséquences. Au final, ce sont les travailleurs qui produisent toujours plus pour moins.

De plus, les accidents de travail sont courants du fait du manque de sécurisation des sites et du non-respect des normes de construction comme nous l'a montré l'effondrement du Rhana Plaza.

Les grandes enseignes de vêtements occidentales ont pourtant de « codes de bonne conduite » qu'elles demandent à leurs fournisseurs de respecter. Sauf que ces fournisseurs ne s'y conforment que rarement car il leur est impossible de garantir des salaires décents tout en acceptant les conditions tarifaires de ces entreprises dont ils subissent une constante pression. Mais dans les faits, il est difficile de contrôler cela. Une usine exemple peut être parfaite sur tous les aspects mais peut en cacher dix usines sous-traitantes abominables. Il est effectivement fréquent que les vêtements sont fabriqués par une autre usine que celle contrôlée, on dit alors que le travail est sous-traité. Par ailleurs, les vérifications sont rares. Parfois, les marques ne sont pas au courant de cette sous-traitance, comme cela semble avoir été le cas pour le Rana Plaza. Comment connaitre les conditions de travail de cette deuxième usine sachant qu'un travail sous-traité est généralement caché aux clients, donc aux grands groupes ?

On aboutit finalement à une situation ou la marque se dédouane auprès de son fournisseur sur qui elle peut rejeter la faute en cas de problème. C'est ce qui s'est passé pour le Rana Plaza, les marques n'ont jamais voulu endosser leurs parts de responsabilité dans l'affaire. D'ailleurs, lorsque le Congrès américain a voulu passer une loi reprenant les points de ces fameux codes de bonne conduite, les marques s'y sont opposées.

Suite au scandale du Rana Plaza, près de 200 enseignes qui s'approvisionnent au Bangladesh, dont Auchan, Carrefour, Zara et H&M, ont signé l'Accord sur la sécurité des bâtiments au Bangladesh. Cet accord contraignant met en place pour cinq ans un contrôle indépendant des usines qu'elles engagent au Bangladesh. Il impose également aux enseignes de participer au financement des rénovations. Plus de 1 700 usines de confection ont été inspectées à ce jour et il s'avère que la construction des bâtiments ne suit que très rarement le plan d'architecture initialement prévu. Des rénovations ont pu démarrer mais, contrairement à ce qu'affirment certains groupes, les travaux ne sont pas toujours réalisés jusqu'au bout et les risques subsistent. C'est ainsi qu'en février 2016, des incendies se sont déclarés dans deux usines, dont l'une qui fournit de grands groupes comme H&M et C&A. Il s'avèrera que seulement 30% des rénovations recommandées avaient été réalisées.

Enfin, la portée de l'Accord est à relativiser puisque la moitié seulement des 4 000 usines de confection au Bangladesh sont concernées.

Par ailleurs, l'habitat des ouvriers traduit cette misère: les bidonvilles. Ces ouvriers vivent dans des conditions déplorables. 9 millions de personnes ne peuvent pas sortir de la pauvreté et donc sont exclus socialement parlant.

Cependant, certains souffrent plus que d'autres : Les femmes par exemple, qui représentent 85% des travailleurs dans ces usines. Elles subissent parfois des harcèlements sexuels de leurs employeurs, de plus, elles ont interdiction de tomber enceintes ou alors, elles doivent quitter leur travail. Lorsque les ouvrières ont "l'indécence" de faire part de leurs revendications, celles-ci peuvent non seulement être ignorées, mais pire encore, leurs auteur.es réprimandé.es physiquement. A l'instar de Shima, une ouvrière dans une usine à Dhaka, qui a monté une petite cellule syndicale avec d'autres ouvrières. Après la remise de leurs demandes, elles furent enfermées dans une pièce et battues. Au Cambodge, des manifestations pour demander un salaire minimum furent réprimées par la police et certain.es manifestant.es perdirent leurs vies.

Enfin la fast fashion touche significativement le consommateur en modifiant ses comportements d'achats.

Les marques de fast fashion arrivent à se rendre indispensables afin d'écouler leurs énormes stocks en nous poussant à la surconsommation. Il faut être à la mode et donc il faut acheter chez eux.

Or, on prend le risque de retrouver la même robe sur plusieurs femmes dans la rue, comme un uniforme où la personnalité n'a pas lieu d'être car tout le monde est habillé pareil. Mais cela développe aussi le sentiment d'exclusion si la personne ne se conforme pas aux tendances. Et cela peut être terrible notamment chez les adolescentes qui se construisent car elles ont besoin de sentir intégrées et appréciées pour ce qu'elles croient être.
Le fast fashion développe un sentiment 'd'avoir' et non 'd'être' où l'apparence prend le dessus sur la personnalité. Nous nous jugeons sur notre façon de nous habiller.
En outre, les vêtements sont généralement fabriqués dans des tissus en plastique qui ne font pas respirer la peau. Les fabricants de tissus utilisent beaucoup de produits chimiques que l'on peut retrouver sur la peau.

Pour la fast fashion il faut toujours aller plus vite, ce qui implique de les teindre avec des produits dangereux mais qui sont d'utilisation rapide, et d'y ajouter des produits qui permettent aux couleurs de se fixer plus vite, aux tissus de sécher plus vite, aux vêtements de ne pas pourrir lors du transport ... L'utilisation de ces produits a des conséquences sur notre santé. Certains peuvent même provoquer de graves brûlures ou d'allérgies, et d'autres maladies non visibles en apparence. Des études sont actuellement menées pour prouver leur impact sur notre santé.

Notre Dame de la compassion 
Pontoise- 2017
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